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Karen, de backpackeuse à vanlifeuse – Youth On The Move

Karen, de bagpackeuse à vanlifeuse

Pendant l’été 2020, je pars en Suède en vacances rejoindre des amies suédoises pour un voyage en camping-car !

Sommaire

Chapitre 1 : S’adapter et rebondir face aux aléas du voyage

15 horaires modifiées, 6 correspondances ratées et 4 trains différents
Prendre les galères à la légère

Chapitre 2 : Le voyage une opportunité pour se découvrir

Premiers pas de Nomade digitale à Faro
Un an plus tard : Bilan

Chapitre 3 : Expérimenter et oser se dépasser

De bagpackeuse à vanlifeuse
Des conseils à vous donner?

Le mot de la fin

Chapitre 1 : S’adapter et rebondir face aux aléas du voyage

Pendant l’été 2020, je pars en Suède en vacances rejoindre des amies suédoises pour un voyage en camping-car ! Je n’avais encore jamais testé le voyage en camping-car et l’idée me plaît beaucoup. Pour des raisons écologiques, me voilà partie en train. J’évite, autant que possible, de prendre l’avion pour limiter mon empreinte carbone.

Que l’aventure commence ! Je ne savais pas ce qui m’attendait, mais je ne regrette rien — et rit devant mon clavier à l’idée de vous narrer cette histoire. Attention, c’est un peu alambiqué (alors imaginez pour moi qui l’ait vécue !).

15 horaires modifiés, 6 correspondances ratées et 4 trains différents

Tout commence par un itinéraire simple sur le papier : je pars de Paris et j’arrive à Göteborg au Danemark (Gare de l’Est > Karlsruhe > Frankfurt > Hamburg > Kobenhavns > Göteborg). Jusque-là on est bon.

Alors que je suis dans le métro, sur les coups de minuit et demi le matin même de mon départ, je me souviens d’un email de la SNCF. “Je crois que l’horaire de départ a changé de 3 minutes” me dis-je. Par acquis de conscience (et parce que je suis mine de rien assez prévoyante), je regarde et suis rassurée : le départ est finalement prévu à 13h54, au lieu de 13h51. 3 minutes ça ira pour ma première correspondance à Karlsruhe, en Allemagne.

Et là, sueur froide. Si le départ ne change rien pour moi, l’arrivée est retardée de… Une heure. Pour trois minutes, cette fois, je vais louper ma correspondance. Je ne suis même pas partie que les galères sont déjà là.

Mais je ne me démonte pas. Je sais pourquoi je vais en Suède : retrouver des copines, me régaler dans la nature et, aussi et peut-être surtout, j’ai besoin d’éprouver mon instinct. Moi qui veut quitter la voie classique, je ne peux pas paniquer pour une galère de train. Je suis prête à surmonter cet obstacle qui s’est dressé sur ma route.

Retour au terrain, dans le métro.

“Respire. Solution focus. Quels sont les trains qui partent plus tôt et qui peuvent me permettre de rattraper une des correspondances ? 11h06 Départ Gare de L’est, deux correspondances avant d’arriver à Karlsruhe. Ou 12h20 Départ de Lyon, deux correspondances également.”

Petit problème technique, les billets sont à 110€. Comme c’est le prix pour l’ensemble de mon voyage jusqu’à Göteborg, ce n’est pas une solution. “Que puis-je faire ? Monter dans un de ces deux trains et faire le grand sourire au contrôleur en lui expliquant la situation ?” — sachant qu’il n’y aurait pas un mais trois contrôleurs. “Pourquoi pas. Vu l’heure, je ne peux pas faire grand-chose à part aller dormir et faire en sorte d’être à la gare plus tôt que prévu.”

Il est 2 heures du matin. “Sage décision”.

Le matin, je décide d’aller parler à un des agents qui se trouvent dans la gare. Il me conseille d’aller directement au guichet. Je vois la queue devant le guichet. Je dé-ses-père. Je demande si c’est possible de passer avant comme c’est urgent mais les deux vigiles me font comprendre d’aller faire la queue.

Je décide de prendre les choses en main, car à ce rythme, je ne suis pas prête d’arriver à destination. Et pas question de lâcher l’affaire. J’identifie une gentille dame de la SNCF et je lui explique la situation. Contre toute attente, elle m’aide alors à faire du forcing et me dirige directement vers un responsable. “Hallelujah !”. Je lui explique la situation.

“A ce stade, je ne peux rien faire pour vous”.
Mais hors de question de me satisfaire de cette réponse. Je continue à argumenter et — “Oui !!!”

il finit par céder.

Il me demande de patienter. 5 minutes. 10 minutes. 15 minutes. Bon, là c’est clair que je prendrai pas mon train. Puis je le vois imprimer des billets de train. Ça ne peut être que positif ! 20 minutes plus tard, il m’annonce que la seule solution c’est de prendre le train à 12h20 à Gare de Lyon jusqu’à Basel en Suisse. Puis d’enchaîner avec une correspondance à 15h38 de Basel puis Mannheim en Allemagne, et enfin une autre jusqu’à Hambourg. Ouf rassurée ! Je vais réussir à avoir mon train de nuit comme convenu. Tout est bien qui finit bien (ou presque).

Arrivée à Basel, j’ai 10 minutes de changement. Je ne perds pas de temps. Je cherche des yeux le tableau des départs pour connaître le numéro du quai. Voie 12. Je balaie des yeux la ligne. Sur la même ligne que mon train, je vois écrit en Suisse allemand :

« qqch qqch 30 qqch qqch ».

Eh zuuut ! Je me doute que ça veut dire que mon train aura 30 minutes de retard. Je n’avais initialement que 6 minutes de correspondance pour le prochain train. “C’est mort, je vais encore rater ma correspondance. Respire.” Le train entre en gare. Je m’y installe.

**Annonce en suisse allemand au micro du train**

Je n’ai rien compris. Mais je finis par saisir quand je vois des passagers prendre leurs affaires et sortir du train. Pour me rendre à Frankfurt, je dois prendre un train qui part dans 5 minutes à destination de Berlin. Je ne sais pas trop si c’est le bon choix, mais ni une ni deux, je saute dedans — “J’aurais forcément raté mes correspondances en restant dans ce train”.

C’est l’aventure ou ce n’est pas l’aventure ?

J’étais vraiment dans cette énergie là……Surtout quand je voyais ce genre de paysages défiler.

Incertaine, je termine en première classe. “Ce n’est pas si inconfortable, l’incertitude”. Le contrôleur me croise. Et ne me dit rien ! Il est même très sympathique et m’aide à trouver une solution car c’est inévitable, je vais rater ma correspondance à Hambourg. Je suis triste, j’aurais tellement voulu essayer un train de nuit ! “J’essaierai peut-être au retour”. (On se rassure comme on peut).

Il me conseille de m’arrêter à Kassel-Wilhelmshöhe et de prendre le train de 21h40 pour Hambourg. Il m’explique que je devrais pouvoir obtenir un bon gratuit pour dormir dans un hôtel. On croise les doigts !

J’interpelle le contrôleur, qui propose de revenir plus tard. Je ne l’ai pas revu de la soirée. Il est 23h56. Je pense à mon train de nuit qui vient de quitter Hamburg… 10 minutes plus tard, me voilà sur le quai. Je me dirige vers l’Information Center et j’explique la situation à la dame… qui me propose une chambre d’hôtel en face de la gare avec un petit déjeuner gratuit ! Cette journée ne se termine pas si mal finalement. Une nuit d’hôtel plutôt qu’une couchette dans un train de nuit, je n’ai pas à me plaindre.

8h53. Je suis dans le train pour Copenhague. 9h13 « Due to a technical problem, we have to make a detour by ‘nom de ville imprononçable’. We will have a delay of 20 minutes ». A ce stade, vous êtes aussi surpris que moi. Au passage, on m’explique qu’il y aura une correspondance en plus. Maintenant j’ai une étape supplémentaire à Malmö. De façon surprenante, il ne se passe rien de spécial dans ce train. Ah si ! J’ai traversé la frontière entre le Danemark et la Suède. Ce n’est pas rien ! Me voilà ENFIN en Suède !

15h04. Dernier train pour Göteborg. La contrôleuse me demande si j’ai réservé mon siège. Je lui explique la situation… et elle m’annonce qu’il n’est pas possible de prendre les trains à grande vitesse pendant la période du coronavirus. Mon train est complet, je ne peux pas y rester.

« Veuillez changer de train à Lund, dans 10 minutes. Vous êtes chanceuse, le prochain train de Lund à Göteborg part 5 minutes après notre arrivée à Lund voie 6. Nous arriverons voie 4. »

OK. S.U.P.E.R. Il ne fallait pas crier victoire trop vite. 10 minutes plus tard, je sors de ce train, je me dirige vers la voie 6 et je monte dans le dernier train pour Göteborg. Par acquis de conscience je regarde sur mon téléphone le trajet. Je me rends compte que j’aurais encore un changement à Mondel. J’envoie une capture d’écran de l’itinéraire à mon amie Maria…

… Qui m’annonce qu’elle peut aussi me chercher à Mondel. OUIIIIIIIIII ! Ce sera bien le dernier train de ma journée. Me rendre en train de Paris à la Suède aura été une aventure en soi.
Ma petite voix intérieure qui me rappelle :
“Ce n’est pas la destination qui compte, c’est le voyage”.

Prendre les galères à la légère

La suite de mon expédition a été incroyable et pleine de surprises !

On a quand même continué à avoir des aventures comme par exemple des problèmes de camping-car. La sœur de mon amie avait acheté un camping car vieux de 30 ans. Le deuxième jour du road trip, on n’arrivait déjà plus à démarrer, coincées en plein milieu de la route à cause d’un problème de générateur… Quand notre camping-car nommé Bodil faisait plus de 3h de trajet, il ne fallait pas vouloir redémarrer immédiatement.. On a dû faire chocker la voiture tous les jours et demander de l’aide aux gens sur les parkings.

On a bien ri de cette situation ! J’ai pris une photo de tous les moments où il fallait faire appel à un inconnu pour faire choquer la batterie du camping-car pour redémarrer. C’était comme si Bodil était un voyageur à part entière !
Après s’être adaptées à notre carlingue, nous avons décidé de moins rouler et de passer plus de temps à l’extérieur.

1 des 150 fois où un inconnu nous a aidées à faire redémarrer la bête !

Et puis, plusieurs jours plus tard : on reste coincé en voulant faire demi-tour ! Le voyage aurait été beaucoup moins mémorable sans ces galères, je vous l’accorde.

On voulait tout simplement faire demi-tour suite à une erreur d’itinéraire. Oups !Voyant 3 princesses en détresse, un local vînt très rapidement à notre secours.

Puis est venu le temps du retour. Je n’avais pas de billets d’avion mais, forte de ces kilomètres avalés, j’ai fait seule le retour de Suède en stop. (Maman, si tu lis cet article, je te rassure tout s’est très bien passé).

J’étais à Lund, au Sud de la Suède. C’est la ville de laquelle je suis partie. Là où je m’étais mise, une dame me voyant faire du stop est venue me voir pour me déconseiller de faire du stop parce que je suis une fille… Des gens qui ont peur, ça existe. Je ne l’ai de toute évidence pas écoutée.

Et ça a aussi été TOP. 14 voitures plus tard et un train, j’étais de retour à Paris.

Ce que je retiens de ce voyage : on peut avoir organisé autant que l’on veut l’itinéraire de son voyage, il y aura toujours des imprévus que j’aime prendre à la légère. Dans ce genre de situation, je me laisse porter par ce que la vie me réserve.

Je ne vous cache pas que je ne me sentais pas 100% sereine non plus. Heureusement, que mes amies étaient là pour me soutenir parce que c’était un peu long !

Chapitre 2 : Le voyage une opportunité de découvrir et me découvrir

Mes envies de voyage me viennent de mon enfance. La Suède n’a pas été mon premier voyage. En tant que réunionnaise, j’ai toujours dû voyager — et loin — si je voulais sortir de mon île. Mais c’est en Chine que je m’expose pour la première fois à des modes de vie, de travail et de consommation différents.

C’est au contact d’étrangers que je commence à remettre en cause ce que je crois vrai. Je suis convaincue que le voyage ouvre l’esprit et permet d’apprendre en continu — comme j’ai appris à me relaxer face aux imprévus en Suède ! Les galères dans la vie, il y en aura toujours, j’ai choisi l’option de développer ma capacité à les accueillir avec sérénité.

J’apprends par la pratique que je ne veux pas voyager comme une touriste, mais m’insérer dans les réseaux locaux. Je veux grandir. Me remettre en question. Et trouver comment j’ai envie, moi, de vivre.

Ce désir profond de trouver, comprendre et cultiver sa singularité par le voyage me vient de cette confrontation à un autre univers. Si je sens que je veux vivre à l’étranger, je saisis que je n’aspire pas non plus à vivre comme expatriée. Ce que je veux, c’est sortir de ma zone de confort.

Point de départ

Nous sommes en septembre 2020. J’ai 23 ans et je suis enfin diplômée d’un master en Organisations et Management des Ressources Humaines à Sciences Po Paris. A l’opposé de l’avenir simple et confortable que me promet mon master dans cette école, l’envie de vivre comme nomade digital me dévore l’estomac. C’est une évidence pour moi : je veux partir en voyage et être entrepreneure. Et, je suis une fille, solo, à peine diplômée, en pleine pandémie mondiale. And what ? J’ai des rêves plein la tête et je veux me donner les moyens d’y arriver plutôt que de me trouver des excuses. J’ai déjà eu plusieurs expériences de voyage solo, nomade digitale n’est finalement que l’étape suivante.

Je suis à une période de ma vie où je veux bouger, grandir — et le meilleur moyen de le faire, c’est, pour moi, de voyager, de sortir de ma zone de confort (plutôt que d’accepter un CDI de + de 35h dans un bureau) même si cela implique de nombreux challenges au quotidien.

Je veux m’affirmer et me découvrir. Car voyager, c’est avant tout se découvrir. C’est ainsi que je décide donc de quitter la voie royale professionnelle qui s’offre à moi pour me lancer dans le nomadisme.

Bien entendu, nombre de mes ami.es n’ont, au départ, pas compris mon choix. Nous nous sommes tous animés par des projets de vie différents et j’ai envie de suivre cette petite voix intérieure. Pour moins me mettre la pression, je me dis que je teste, j’expérimente ! Alors j’y vais, le regard droit, fixé sur ma première destination (que je ne connais pas au moment où je finis mes études).

Je m’inscris alors comme micro-entrepreneure mi-2020 et je débute ma nouvelle vie, où je n’ai besoin que d’une bonne connexion internet et d’un bureau confortable pour accompagner mes clients ! Y’a qu’à, faut qu’on, comme on dit. Croyez-moi, ce n’est pas si évident que ça quand on a la bougeotte comme moi.

Premiers pas de Nomade Digital à Faro

En vrai, il y avait trop de luminosité pour rester y travailler. J’ai quand même voulu immortaliser le moment. C’est pas tous les jours le premier !

Ma première destination post-études a été le Portugal.

Une amie de master qui me demande : « Hey, ça te dit d’aller à la mer avec moi? ». (BIG UP Océane) 10 jours plus tard, on se retrouve à Faro, dans la région de l’Algarve au Portugal. Je devais y rester quelques jours. J’y suis restée 3 semaines (rencontre avec un garçon toussa toussa).

Tout est nouveau. Le pays, les odeurs, la langue. Mais aussi ma situation. Je ne suis plus étudiante (ça fait bizarre au début !), et je débute mon activité professionnelle. Et surtout, j’ai tout à recréer de A à Z. C’est à moi de structurer mon temps, mes journées, de créer mes routines… Trouver des habitudes et construire des routines c’est ce qu’il y a de plus difficile pour moi. Cela signifie déconstruire toutes les habitudes et les croyances pour en construire de nouvelles.

Mais je ne me démonte pas, j’organiserai tout cela quand je serai arrivée sur place.

Avec mon sac à dos en slow travel je monte à bord des trains, des bus et des covoiturages pour arriver à bon port. Je fais au mieux à mon échelle pour penser à mon empreinte carbone.

Un an plus tard : Bilan

Cela fait un an que je voyage à travers l’Espagne, la France, la Suisse, le Portugal et même quand je reviens sur mon île natale de La Réunion, je suis en vadrouille. J’ai testé différents types de voyage avant de me lancer dans ma vie de digitale nomade (voyages touristiques en famille, année universitaire à l’étranger en Chine, woofing en solo en Italie, voyage en stop en duo en Europe du Sud, voyage en camping-car en Suède).

Même s’il y a beaucoup de galères (comme l’absence de frontière entre vie pro et vie perso), j’ai envie de profiter et de passer du temps avec les gens que je rencontre. Je m’organise donc pour tenir mes engagements professionnels et gagner l’argent dont j’ai besoin pour financer mes projets. Je pratique une forme d’intermittence qui me convient bien.

En vérité, je trouve une certaine stabilité dans cette instabilité. J’aime posséder peu d’objets, être libre de voguer au gré du vent et, surtout, je m’enivre des rencontres que je fais. Les rencontres restent les meilleurs souvenirs de mes aventures. Par exemple, lors d’un covoiturage au Portugal, entre Lisbonne et Faro, j’ai rencontré un voyageur écossais avec qui on a essayé de monter un projet pendant 3 mois ! Ça n’a pas marché, mais ça n’enlève rien à la sensation géniale de faire des rencontres uniques avec des gens de tous les horizons.

Mais dans l’ensemble, le jeu en vaut la chandelle. Maintenant, je sais m’organiser pour vite me mettre au travail. Je sais que j’ai besoin d’un bureau et d’un siège confortable — avoir passé un mois à bosser par terre sur du parquet à table basse m’a appris que j’ai besoin d’un minimum d’ergonomie ! Comme vivre dans des logements sans bureau, où je devais travailler depuis le lit. En testant mes limites et en m’écoutant, j’ai appris à m’ajuster. Par la suite, je regardais en effet si mon pied-à-terre avait bien une table et une chaise par exemple. Être nomade digitale en bagpack a été une vraie expérience. Si c’était à refaire ou à continuer je le ferais différemment.

Après quelques mois de test, je sens que je commence à toucher les limites de ce mode de vie : je dois faire et refaire mon sac constamment, et je n’ai jamais l’impression de me poser pour de vrai. Le voyage de long terme est aussi enthousiasmant que fatiguant.

Toutes les affaires que j’aime avoir de façon régulière n’entrent pas (encore) dans un bagpack. Aussi minimaliste que je puisse être, il me faut plus qu’un sac à dos pour emporter toutes les affaires dont j’ai besoin avec moi. Mi 2021, je veux passer à l’étape suivante, un nouveau projet me trotte dans la tête : vivre en fourgon aménagé !

Et si ma maman n’est pas très sûre de ce choix, je peux vous assurer que prendre mon petit déjeuner à l’extérieur sur un tabouret face au soleil du matin, ça n’a pas de prix pour moi. Ce sont ces petites choses qui m’apportent de la joie pour bien démarrer ma journée !

Chapitre 3 : Expérimenter et oser se dépasser

De bagpackeuse à vanlifeuse

Je vous présente Elliott, enfin son pare-brise © Crédits — Loïc voyage

Si c’est trop bien la vanlife, l’envers du décor n’est pas si rose. Evidemment c’est très très chouette. Mais on est aux commandes de notre vie. Je dois m’occuper de tout ! Trouver un spot sur park4night, vérifier que j’ai assez d’essence, d’eau, d’électricité, que le bidon d’eaux usées n’est pas plein, que j’ai bien tout fermé avant de démarrer, que j’ai bien fait ci avant de ça. Pour vivre dans un petit espace, il faut prendre l’habitude de ranger immédiatement que tout soit à sa place, sinon ça peut vite devenir un bordel. A cela s’ajoute la gestion de mon activité professionnelle et des pannes techniques.

Et je roule là où je le veux, quand je le veux, au rythme où je le veux. Bon, entre nous ce n’est pas encore le cas à 100% mais c’est ce à quoi j’aspire. Il me faudra attendre quelques semaines avant que ça soit ma vie. Pour l’instant je vais là où je dois aller pour réparer mon fourgon, pour l’aménager… Pour me préparer à cette prochaine étape de ma vie.

Dans cette période de transition pendant laquelle j’écris ce témoignage, il m’arrive de belles galères !

Par exemple, je travaille à distance mais certains clients veulent que je travaille sur leurs horaires de bureau. Du coup, j’ai besoin d’avoir une bonne connexion internet la journée, et d’être un minimum posée. Sauf que là où je reste avec mon van, il n’y a pas nécessairement de bonne connexion internet ! Donc travailler et vivre en van génère des problèmes spécifiques, comme devoir changer en urgence de fournisseur internet entre deux appels avec ses clients. Donc je dois trouver des endroits avec une connexion 4G suffisante pour bosser. Je n’ai pas encore installé de système particulier pour amplifier le signal ou autre. Du coup je suis en partage de connexion 4G avec mon smartphone. Oui, en soit c’est un problème qui s’anticipe sur lequel j’ai procrastiné à vrai dire.

Je dois aussi trouver des spots pour rester plus de 2 nuits, sans me sentir “gênante” ou “gênée” et en se sentant en sécurité. Ce n’est pas évident. J’en ai parlé avec deux autres femmes qui voyagent solo et qui bossent à temps plein aussi de leur van pour pouvoir s’entraider et en parler !

Ce n’est pas tous les jours que l’on trouve ce genre d’endroits. J’ai souvent fini dans des endroits beaucoup moins sexy!

Être entrepreneure et nomade signifie que j’ai à m’occuper de mon bien-être sur tous les plans, de mon fourgon (imprévus et aménagement), et de mon business. Ce sont de grosses responsabilités, et toute nouveauté devient vite une aventure (ou un problème quand je dois travailler). Un exemple du quotidien c’est l’accès à internet. Mais la charge mentale est importante. Par exemple, l’aspect financier. Avant la vanlife, si je n’étais pas hébergée chez des gens, il me fallait trouver un logement dont le prix pouvait être à minima couvert par le prix de revient de ta journée. Il fallait que mon taff me paie suffisamment à la journée, ou au moins assez pour me dire que ça valait le coup d’être dans un airbnb plutôt qu’en auberge de jeunesse.

C’est donc clairement pas le confort d’une vie de sédentaire. Mais quand j’ai des galères, j’essaie de me rappeler pourquoi je le fais. Pour moi, cette vie vaut toutes les galères du monde.

Aussi, vivre en van c’est comme voyager, il y a plein de façons de vivre en van. Et la meilleure, c’est la vôtre ! Pour l’instant, ma manière c’est de tester la vie en fourgon aménagé pendant un an. C’est de trouver, une routine journalière et hebdomadaire pour me sentir bien. Sentir que j’arrive à travailler sereinement, et en même profiter des endroits dans lesquels je suis et prendre soin de moi. Sentir que j’arrive à trouver mon équilibre de vie pro/vie perso.

Sur le très court terme des prochains jours et semaines c’est de faire les modifs dans l’aménagement de mon fourgon pour me sentir encore mieux à l’intérieur! Ce n’est pas une mince affaire pour moi ^^ J’ai envie de structurer mon temps différemment, ça se construit lentement mais sûrement.

Et ensuite j’aimerais descendre vers le soleil, vers l’Espagne et le Portugal. Et il y a deux jours, je me suis dit que j’avais envie d’être en Slovénie pour le printemps. Les premières semaines en fourgon, avec le fait que je travaille sur le côté me font dire que je vais aller encore plus lentement que ce que je pensais ^^ mais rien n’est encore fixé !

Des conseils à vous donner ?

Je vous avoue que tout ne se fait pas en deux jours. Je n’ai pas pris le pli immédiatement, mais après plus d’un an et demi à bouger, je trouve ma manière de faire !

L’organisation c’est la clé ! (tout jonglant avec douceur avec l’imprévu)

Si j’avais des conseils à vous donner si ce mode de vie vous branche, ce serait de vous assurer de bien vous organiser. Une mauvaise organisation prend la tête et empêche de se concentrer sur le travail et le plaisir. C’est basique, mais essayez de savoir le plus vite possible à chaque destination où dormir, où manger et où se poser.

Aussi, je vous incite à vite démarrer vos routines, si c’est important pour vous d’en cultiver. L’absence de lieu de vie routinier casse la routine, et c’est génial ! Mais ça casse aussi ses bons aspects. C’est pourquoi maintenant, quand je peux, je reste un peu plus longtemps sur les lieux que je visite pour m’habituer à l’environnement.

Tester petit avant de commencer grand !

Je conseillerais de tester votre rêve sur une petite période avant de vous lancer dans un plus gros projet. Cela vous permettra de savoir si ça vous convient sans trop investir en temps ou en argent…

Quand vous achetez des chaussures vous les mettez dans le magasin, vous faites quelques pas, vous vous regardez dans le miroir, vous refaites quelques pas. Et après vous décidez de les acheter pour que ça dure. Idem pour les grands changements de vie.

Par exemple, j’ai testé une première fois 5 jours à la Réunion (à découvrir des endroits de mon île autrement) avec un van de petite taille, un L1H1. Puis quelques mois après, j’ai testé à nouveau 4 jours dans un fourgon de la taille de celui que j’ai maintenant, un L2H2.

En novembre, je me suis rendue de Toulouse à Montpellier puis à Mâcon pour l’anniversaire d’un ami pour tester avec le fourgon de cette taille-là. Cela m’a permis de vérifier que c’était bien ce à quoi j’aspirais, et que je n’étais pas en train de fantasmer un mode de vie dont je n’aimais pas les mauvais côtés. Car c’est aussi ça voyager !

Test 1 :
Super pour des vacances, par contre pour y vivre, c’est trop contraignant pour moi de ne pas pouvoir tenir debout à l’intérieur. Tant pis pour le péage plus cher et les parkings non accessibles aux véhicules de plus de 2 mètres.Test 2 :
La taille me convient tout de suite mieux ! Je dis oui à plus de confort.A vous maintenant de tester différentes façons de voyager pour trouver ce qui vous convient. Soyez doux avec vous-mêmes !

Le mot de la fin

Si je n’ai pas encore trouvé ma manière de vivre, je suis sur la bonne voie : sur la mienne. Je le dois aux voyages qui ont développé mon audace et mon ouverture d’esprit. Ce n’est pas tous les jours faciles. Aujourd’hui, je me sens sereine avec le choix que j’ai fait. Celui qui était difficile : être créatrice et actrice de ma propre vie, prendre la tangente d’un mode de consommation dans lequel je ne me reconnais pas, façonner un métier en dehors des carcans de mon école et, surtout, élaborer un mode de vie qui me donne des frissons rien que de vous en parler. Un mode de vie qui me fait grandir surtout et qui me permet de cultiver mon autonomie et ma liberté. Ces différents voyages m’ont permis d’être plus authentique et spontanée, et d’oser sortir des sentiers battus pour faire l’expérience de ma propre voie. Voyager, c’est apprendre sur soi et sur les autres. Avec cette nouvelle page à vivre en fourgon, je fais de mon mieux pour revenir à l’essentiel.

Légende : Lâcher prise (au moins on tente !) © Crédits — Loïc voyage

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